Haïti : servir quand le monde s’effondre

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L

e pasteur Frederic Nozil a appris à faire profil bas.

L’année dernière, année de ses 53 ans, des gangs ont attaqué son quartier de Pétion-Ville, une banlieue surplombant la capitale d’Haïti, Port-au-Prince. Ils ont saccagé la maison qu’il louait et y ont mis le feu. Le pasteur est parti s’installer avec sa femme et ses deux filles dans un endroit plus sûr, à quelques kilomètres de là.

Pourtant, il reste très prudent. Cette année, il a fêté ses 54 ans chez lui, discrètement. Quelques personnes de son église ont apporté un gâteau. Ils ne sont pas restés plus d’une heure. « Les fêtes attirent l’attention », dit-il. « On ne peut pas trop ouvertement célébrer. »

Il planifie les activités de l’église pour qu’elles se terminent avant le couvre-feu obligatoire. Il interrompt la réunion de prière s’il a un mauvais pressentiment au sujet d’un véhicule de police remarqué dans la rue. Certains de ses fidèles risquent leur vie en franchissant les barrages des gangs pour se rendre à l’église, le Centre Chrétien International Maison d’Adoration, et il sait donc qu’il faut s’attendre à une plus faible affluence.

L

e pasteur Frederic Nozil a appris à faire profil bas.

L’année dernière, année de ses 53 ans, des gangs ont attaqué son quartier de Pétion-Ville, une banlieue surplombant la capitale d’Haïti, Port-au-Prince. Ils ont saccagé la maison qu’il louait et y ont mis le feu. Le pasteur est parti s’installer avec sa femme et ses deux filles dans un endroit plus sûr, à quelques kilomètres de là.

Pourtant, il reste très prudent. Cette année, il a fêté ses 54 ans chez lui, discrètement. Quelques personnes de son église ont apporté un gâteau. Ils ne sont pas restés plus d’une heure. « Les fêtes attirent l’attention », dit-il. « On ne peut pas trop ouvertement célébrer. »

Il planifie les activités de l’église pour qu’elles se terminent avant le couvre-feu obligatoire. Il interrompt la réunion de prière s’il a un mauvais pressentiment au sujet d’un véhicule de police remarqué dans la rue. Certains de ses fidèles risquent leur vie en franchissant les barrages des gangs pour se rendre à l’église, le Centre Chrétien International Maison d’Adoration, et il sait donc qu’il faut s’attendre à une plus faible affluence.

La fin du monde, conclut-il, transforme le ministère. « Nous vivons des temps eschatologiques. »

C’est ce qu’il a ressenti aux premières heures du 18 mars. C’était un lundi, et le pasteur aurait dû être en train de se remettre de l’habituelle série d’obligations pastorales du dimanche. Au lieu de cela, il s’est retrouvé à s’enfermer dans sa maison pendant deux jours d’affilée, tandis que des tirs nourris résonnaient dans les collines.

Des membres de gangs cagoulés traversaient son quartier en voiture et à moto, remontant la route principale vers les montagnes. Ils ont tiré à l’arme automatique et ont laissé au moins une douzaine de passants morts dans leur sillage. Ils se sont arrêtés dans une enclave protégée appelée Laboule et ont assiégé ses résidences fortifiées. Dans une maison, les caméras de sécurité ont filmé de jeunes hommes armés portant des sacs à dos qui pénétraient de force dans une cour pavée et inspectaient des véhicules tout-terrain stationnés là

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